Chevaliers et miracles by Barthélemy Dominique

Chevaliers et miracles by Barthélemy Dominique

Auteur:Barthélemy Dominique
La langue: fra
Format: epub
Tags: Chevaliers et miracles, La violence et le sacré dans la société féodale
Éditeur: Armand Colin
Publié: 2012-07-14T16:00:00+00:00


Il y a donc une sorte de coutume desdits serfs, et il est clair que le chevage est le signe même de la servitude : avis aux contradicteurs de Marc Bloch sur ce point ! Nous savons d’ailleurs depuis Adrevald que saint Benoît aide ses serfs en danger. Cela se confirme en 1003, lors d’une inondation catastrophique de la Loire qui a surpris, selon Aimoin, tant les paysans au travail que les chevaliers sur la route : le berger des moines Constant s’est cru mort et, environné de reptiles redoutables, il s’en remettait à Dieu et à lui, et le voilà pourtant sauvé des eaux, lui famulus (MSB, III. 9) voué à la servitude.

Ce caractère contractuel du chevage rend possibles les auto-déditions de nobles. La réduction possible (sinon toujours effective) d’un servage à ce seul signe, fort mais ponctuel, et l’absence de toute contrainte proprement servile en dehors de lui font qu’elles ne rabaissent pas socialement les personnes concernées. Elles rehaussent plutôt le prestige de saint Benoît. Elles offrent apparemment à ses moines de meilleures garanties que d’autres formules. Il est vrai qu’André de Fleury cite ailleurs les versets de psaumes « davidiques » sur l’abaissement des superbes – mais précisément, il ne le fait point ici. Il ne prône d’autre part en aucun cas l’ouverture de la noblesse à des serfs méritants ou chanceux, il se plaît au contraire à relater (VI. 2) l’échec de l’un d’eux : la stabilisation de Stabilis. Il trouve normal aussi qu’en un affrontement judiciaire des parties sur le terrain, pour une limite, le serf d’un vicomte subisse pour son seigneur, qui l’a mis en première ligne, un coup du Ciel et une honte durable (V.7).

Ces servages de nobles viennent en un temps d’exigences croissantes de saint Benoît à l’égard de toutes les catégories statutaires auxquelles il a à faire, et d’abord des bénéficiaires de guérisons. Dans Adrevald il n’était question que de la visite régulière, une fois l’an, d’un ancien possédé (I.30). En général, les brefs récits de guérison se terminaient sur une simple explosion de joie. Au temps d’Aimoin, une tension inédite apparaît, entre saint Benoît et ses miraculées de Perrecy. Une certaine Alexandra obtient de marcher, elle reste ensuite plusieurs mois au service de l’église ; on lui permet enfin de s’absenter, mais avec un délai pour revenir, et comme elle le dépasse, elle subit une rechute, avant une nouvelle cure (III. 18). Sans doute faut-il comprendre, en filigrane, qu’on continuait de la traiter médicalement. Mais enfin, on sent aussi là ce pouvoir saint ambivalent dont la notion permet, assez commodément, de rendre compte de cures mal réussies, de guérisons fragiles. Vient ensuite le cas d’Adélaïde. C’est une jeune fille noble de Bourgogne, paralysée des jambes, que n’ont guérie ni saint Denis ni saint Martial. Mais une vision avertit sa mère et son père fait un vœu pour elle : Qu’on la conduise au sépulcre de saint Benoît. S’il la guérit, elle sera sa serve pour toujours. S’il refuse, on la ramènera ici, et elle demeurera à la fois infirme et libre.



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